Ces cartes de temps sont des fac-similés du modèle que j’ai utilisé pendant quelques années pour « puncher » ou enregistrer mes heures travaillées dans un grand magasin. Imprimées à l’eau-forte sur du papier que j’ai confectionné moi-même à partir de fibres de coton soigneusement récupérées, Mes cartes de punch sont toutefois fragiles, uniques et artisanales. Elles sont donc à la fois similaires et contraires aux cartes d’origine, qui visent la productivité. Ici, le procédé d’impression a endommagé les feuilles; les petites écritures sont parfois absentes, pliées ou décalées; le travail s’égare sur le chemin de l’utilité. Par leur matérialité inégale, ces cartes de punch nous parlent. Elles témoignent d’un système qui ne leur convient pas. Elles travaillent trop fort pour n’atteindre que la médiocrité – dont le premier exemple d’usage dans le dictionnaire est « un salaire médiocre ». Cette proposition est le fruit croisé de mes intérêts pour l’apprentissage des savoir-faire artisanaux et de mes réflexions sur le monde du travail. Elle crée un lieu de rencontre entre le travail artisanal et le travail salarié.